L'hygiène au Moyen Âge

Histoire Vagabonde
11 mai 2020
6 min de lecture

Dernière mise à jour : 21 janv. 2022

STOP aux clichés !

Oublie tout ce que l'on a pu te dire sur l'hygiène au Moyen Âge. Oublie l'image de Jacquouille ou encore Guethenoc et Roparzh (même si, comme aujourd'hui, certains crados devaient exister ;)). Ici on va casser les préjugés et parler de comment l'on prend soin de sa toilette ...

L'hygiène corporelle est primordiale

Et oui, les hommes et femmes du Moyen âge font attention à eux ! Tout d'abord parce que l'Eglise considère qu'un corps propre est le garant d'une âme pure. Ensuite, parce que se laver... ça évite les maladies #breakingnews et enfin, par simple volonté de se détendre, comme les romains avaient coutume de le faire avant eux.

Comment se lavent-ils ?

Il faut déjà différencier les riches des pauvres... à cette époque plus on a de pèse et plus on est propre car on peut se payer l'entrée aux étuves (bains publics) et, il faut le reconnaître, parce qu'on a un peu plus de temps pour soi. Les moins fortunés peuvent profiter de bains dans les rivières et dans les lacs mais uniquement l'été ! Bah oui quand même, ils ne sont pas fous nos ancêtres !

Donc comment font-ils l'hiver ?

Et bien ils utilisent des baquets ! Équivalent de nos baignoires modernes. Le baquet est un grand bain en bois qui est installé près de la cheminée afin de ne pas se cailler les miches. On prend de l'eau au puits, on la fait chauffer, puis on la verse dans le baquet en prenant soin d'y placer un drap épais.

Ce drap va permettre de ne pas se rentrer d'écharde (c'est désagréable pour tout le monde) mais aussi de filtrer l'eau entre chaque personne. Oui tu as bien lu ! A la maison, tout le monde se lave dans la même eau, c'est une ressource ultra précieuse donc on ne la gaspille pas!

Bon c'est quand même pas tous les jours mais on estime que les hommes et femmes de cette époque prenaient en moyenne 2 bains par semaine (cette moyenne varie en fonction de si on vit dans le nord ou le sud, + de pluie = + d'eau = + de bain !). Quotidiennement ils se faisaient des petites toilettes des mains et du visage.

FACT : Quand c'est "journée bain" il y a un ordre de passage à respecter, à la maison le père se lave en premier, ensuite la mère, les enfants du plus âgé au plus jeune et les bébés en derniers. D'ailleurs, concernant les bébés il existe des sources attestant qu'on leur fait une petite toilette après chaque sieste!

"Quand l'enfant aura assez dormi, ci le doit-on laver trois fois par jour"

- Barthélémy l'Anglais, XIIIème siècle.

Les étuves

Les étuves sont des lieux publics qui proposent des bains et des massages. Les clients s'y font couper cheveux et barbe et peuvent aussi y manger et jouer directement dans leur baquet. A partir du XIIIème siècle, avec l'influence de l'orient par les croisades, on voit même apparaître des étuves sèches (ancêtres du sauna) et des étuves humides (ancêtres du hammam).

De plus, ce sont des lieux de rencontres plus ou moins... charnelles ! D'ailleurs, c'est pour cela que l'Eglise décide de mettre fin à la mixité au sein des étuves à partir du XVème siècle (plutôt ironique quand on sait que les prêtres n'étaient pas les derniers à s'y rendre).

Tous les établissements mettent la clef sous la porte à cette même période !

A cause des grandes épidémies, la population développe une phobie de l'eau et délaisse complètement les étuves. Ce qui est compréhensible car en pleine crise sanitaire tu n'aimerais pas non plus faire trempette dans des bains chauds, où tout le village est passé avant...

Mais pourquoi ont-ils peur de l'eau ?

Et bien tout simplement parce qu'à la fin du Moyen âge on pense que la peste vient de l'eau et que l'eau chaude, en dilatant les pores, laisse entrer les maladies dans le corps.

FACT : A la Renaissance, au delà des maladies, les gens pensent que l'eau chaude évacue les humeurs du corps, qu'elle provoque une perte des forces vitales, l’imbécillité et même des fausses couches. Du coup on ne prend plus de bain. On préfère les toilettes "sèches" avec des morceaux de toiles (>toilette) qu'on imbibe de vinaigre, on change de vêtement plusieurs fois par jour et on se met beaucoup de parfum. Hmm !

Et, ils se lavent avec quoi ?

Alors là encore, on a vraiment rien inventé je t'assure.

Pour le corps, ils se lavent tout simplement avec *roulement de tambours* du savon pardi ! Le savon de Marseille ça te parle je pense et on le connait depuis looongtemps. A base d'huile d'olive il coûte un peu cher, tout comme le savon d'Alep qui lui, est carrément destiné à une élite. Ce qui est plus populaire et cheap mais tout aussi efficace, c'est le savon qui nous vient des celtes (savon gallique), il est composé de cendres et de graisses végétale ou animale... Je te l'accorde ça paraît ragoûtant mais quand tu penses qu'aujourd'hui on a du maquillage à la graisse de baleine, c'est franchement pas mieux.

Pour les cheveux, ils avaient des shampoings à base de blanc d’œuf, de cendre, d'huile d'olive dans le sud et de suif (graisse animale) dans le nord. Ils sont aussi très friands de shampoings secs comme tu peux en avoir chez toi sauf qu'à cette époque c'est la poudre d'iris qui était très prisée pour absorber le sébum tout en laissant un délicat parfum.

FACT : Les femmes comme les hommes se colorent les cheveux ! De manière générale, les canons de beauté vont aux femmes minces, pâles et blondes et aux hommes aux cheveux longs et noirs. Donc on décolore ses cheveux avec de l'urine ou des recettes plus développées et on les colore en diluant de la poix avec du lait d’ânesse et de l'urine de chien.

Pour les dents on sait, grâce à Sainte Hildegarde, qu'au XIIème siècle les gens prennent soin de leur bouche. Elle transmet même des petites recettes de bains de bouche à base de plantes comme les clous de girofles (qui viennent d'Orient à partir du VIème siècle) pour lutter contre les maux tels que les aphtes. On se fait aussi du "dentifrice" à base de poudre d'os, de coquillages, de sel ou de pierres qu'on applique au doigt. On a des "chewing gum" nettoyants, on mâchonne des feuilles de réglisse aussi et on se rince la bouche avec du vinaigre (outch) ou du vin à la menthe ou au thym pour avoir une bonne haleine.

Les archéologues ont aussi retrouvés des petits accessoires de toilette comme la pince à épiler (depuis l'antiquité), l'escurette (cure-oreille), la furgette (cure-ongle), le fusequoir (cure-dents) ou encore l'esguillette (cordon de soie en guise de fil dentaire) pour les plus fortunés.

Ok pour le corps mais, les rues ?

C'est vrai que l'on peut casser les préjugés sur l'hygiène corporelle mais pour les rues... c'est vraiment cracra. Tout d'abord niveau besoins naturels (you know what i mean), seuls les plus riches ont des latrines (ancêtres de nos toilettes). Tous les autres possèdent chez eux des pots de chambre qu'ils déversent dans les rues au petit matin.

Voici un exemple de latrines (vue intérieure + extérieure) que j'ai pu voir au Château des Roure (Ardèche). Du grand luxe !

Imagine aussi que les animaux circulent librement dans ces mêmes rues (les cochons se nourrissent des déchets par exemple) et y font leurs besoins. Ah et aussi, les bouchers et poissonniers y jettent viscères, tripes et autres joyeusetés. Je te laisse donc imaginer le plaisir de se balader dans les rues médiévales, surtout pour les pauvres qui sont contraints de marcher au milieu de la rue, pendant que les riches déambulent sur les côtés afin d'éviter la boue et les déchets...

Il y a tout de même des "éboueurs" (boue > éboueur) qui passent avec la charrette pour récupérer le tout et en faire de l'engrais mais ce n'est pas nickel pour autant.

Voilà, tu en sais un peu plus sur l'hygiène au Moyen Âge ! Garde en tête que l'époque médiévale dure 1000 ans et qu'en fonction des siècles et des régions, les manières de se laver peuvent diverger. De plus, chaque époque considère qu'elle était propre, à sa manière.

N'hésites pas à me poser tes questions et me donner ton avis en bas de cette page.

Pour (re)découvrir les rois de France, c'est par ici !

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